Les armoires à fibre optique qui concentrent les connexions à Internet d’un quartier sont l’objet d’un vandalisme régulier. Les sous-traitants des opérateurs sont également pointés du doigt.
C'est un problème que rencontrent de nombreux Argenteuillais. Leur connexion à Internet est interrompue en raison de problèmes sur les armoires à fibre optique, là où les câbles de tout un quartier convergent. « J'ai été saisie par plusieurs habitants de ma circonscription, indique Fiona Lazaar, députée (LREM) de la cinquième circonscription (Argenteuil et Bezons). Ils n'ont plus la fibre pendant plusieurs semaines et sont sans nouvelles de leur fournisseur d'accès. Ils se retrouvent à acheter des données sur mobile. »
« Avec le confinement, c'est vraiment pénible »
Ce problème qui exaspère régulièrement des usagers a des conséquences plus dommageables depuis la mise en place du confinement. Malek, habitant du Val-d'Argent nord, privé de service depuis le 15 octobre attend toujours que sa connexion soit rétablie. « C'était urgent à l'époque, mais là avec le confinement, c'est vraiment pénible », indique-t-il, en précisant, qu'ils sont six à la maison.
« Je n'ai plus de service depuis le 15 janvier, s'indigne Catherine, habitante du centre-ville, qui a pris un abonnement chez Orange. Orange a fait remonter les infos à SFR et on attend leur intervention car c'est sur le matériel de SFR. » À Argenteuil comme dans 121 villes d'Ile-de-France c'est une filiale de SFR, SFR FTTH, qui a installé et qui gère le réseau de fibre optique. C'est donc cette société qui doit intervenir quand le réseau est en panne.
« Un opérateur m'avait débranché pour connecter quelqu'un d'autre »
François, habitant du Val-d'Argent sud, n'avait plus de connexion depuis le 2 janvier. « SFR m'expliquait que les techniciens étaient sur l'affaire mais que c'était un problème général et qu'il n'y avait pas d'intervention à faire chez moi », se souvient-il. A force d'insister, il a finalement obtenu qu'un technicien se rende chez lui mi-avril. La connexion est revenue le lendemain. « SFR m'a dit qu'un autre opérateur était venu et m'avait débranché pour connecter quelqu'un d'autre », ajoute-t-il.
Les problèmes de connexion viendraient des armoires à fibre qui font l'objet de dégradations. « Il peut y avoir un vandalisme classique, mais souvent ce qui ressort c'est que ça serait la faute des fournisseurs d'accès à Internet ou de leurs sous-traitants qui, pour aller vite, ne respectent pas les protocoles et font n'importe quoi », précise Fiona Lazaar.
Des branchements anarchiques
C'est ce que confirme Jean-Claude Brier, délégué régional Altice France, dont SFR FTTH est une filiale. Il rappelle que le réseau est construit sur des normes définies par l'Arcep, l'autorité de contrôle. « L'infrastructure doit être accessible à tous les opérateurs », souligne-t-il. Ce sont sur les points de mutualisation, appelé shelter (1 000 logements) ou armoire (300 logements) que le problème se pose. Les sous-traitants qui y interviennent forcent parfois l'accès quand ils n'ont pas la clé. Ils effectuent parfois des branchements en dehors des règles. « Au fur et à mesure des interventions, ça devient désorganisé et on se retrouve avec ce qu'on appelle un plat de spaghettis », ajoute-t-il.
Et des actes de vandalisme
À cela s'ajoute le vandalisme classique dès lors que les armoires ou locaux ont été forcés. Aux Champioux, tous les câbles ont été sectionnés. « On a refait le shelter en août. On peut recommencer, déplore-t-il. Il y a tout un processus pour refaire le câblage et c'est long. » Parmi, les raisons qui pousseraient des individus à commettre de tels actes, il y aurait la volonté de mettre hors service les caméras de la ville. Jean-Claude Brier, cite un gestionnaire de réseau qui s'est posé la question de préciser sur les armoires que celles-ci n'avaient pas de rapport avec la vidéosurveillance.
De nouvelles armoires testées dans la commune
Fiona Lazaar a interpellé le gouvernement sur cette question en février. Elle a également écrit à SFR et l'Arcep. « Tous les opérateurs d'infrastructure discutent avec les opérateurs commerciaux pour trouver une solution », assure Jean-Claude Brier. « L'Arcep est bien consciente du problème. Tout l'enjeu est de permettre qu'une variété d'acteurs puisse intervenir sur une infrastructure partagée. Il faut donc établir des normes et pratiques communes », indique l'Arcep. Cette dernière a mis en place un groupe de travail pour responsabiliser les sous-traitants et améliorer les processus entre opérateurs.
L'Arcep précise aussi qu'un nouveau type d'armoire est en cours d'expérimentation à Argenteuil.
Source : Le Parisien, écrit le 04 avril 2020 par Thibault Chaffotte.