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La Voix Des Choses.
Même pour la conscience superficielle, le son contient évidemment quelque chose
des existences qu'il traduit. Le son pesant et large de la cloche met en nous un
moment l'âme lente et lourde du métal ébranlé. Et, au contraire, j'imagine qu'à
entendre, sans en avoir jamais vu, un verre de cristal, nous nous figurerions je
ne sais quoi de délicat et de pur. Le bruit mélancolique, monotone et puissant
d'une chute d'eau traduit bien à l'oreille cette sorte d'existence confuse du
fleuve où aucune goutte ne peut vivre d'une vie particulière distincte, où tout
est entraîné dans le même mouvement et dans la même plainte.
Jean Jaurès
BELLE NUIT MES POETES...
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21/04/2014 10h50
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons-nous d'ahan
Ton cours vers d'autres nébuleuses
Guillaume Apollinaire, Alcools.
Cuckoo les poètes...
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La Couleur Fille De Lumière.
Pourquoi la couleur ne serait-elle pas un produit de notre sphère ? Pourquoi ne
supposerait-elle pas des conditions qui ne soient pas réalisées dans
l'indifférence de l'espace infini ? Elle ne se manifeste aux sens qu'à la
rencontre de la lumière et de ce qui est essentiellement contraire à la lumière,
les corps résistants. Pourquoi donc supposer qu'elle est déjà contenue dans la
lumière ? On a la ressource de dire qu'elle s'y cache et qu'elle attend, pour se
montrer, que la libre expansion de la clarté rencontre un obstacle. Mais il est
permis de penser aussi que ce qui se cache si bien n'existe pas encore ; la
couleur est fille de la lumière et de notre monde corporel et lourd. Pourquoi en
appesantir la lumière elle-même dans son expansion une et simple à travers
l'infini ? Quel sens auraient le vert et le rouge dans les espaces indifférents
? Ici ils résultent de la vie et ils l'expriment dans son rapport avec la
lumière ; hors de la sphère vivante, ils n'ont pas de sens...
Par les couleurs, la lumière fait amitié avec notre monde : la couleur est le
gage d'union ; la matière pesante peut enrichir l'impondérable en manifestant
d'une manière éclatante ce qui se dérobait en lui ; l'obscurité, en faisant
sortir les couleurs de la lumière, lui vaut, dans notre sphère, un joyeux
triomphe ; et la lumière en même temps, en s'unissant à la matière pesante dans
la couleur, l'allège et l'idéalise : rien ne demeure stérile ; tout fait œuvre
de beauté. Les molécules dispersées dans l'air nous donnent les splendeurs du
couchant ; l'obscurité infinie des espaces vides, se répandant dans la clarté du
jour, l'adoucit en une charmante teinte bleue ; le mystère même de la nuit et la
brutalité de la lumière, saisis au travers l'un de l'autre et l'un dans l'autre,
conspirent à une merveilleuse douceur : le jour manifeste la nuit ; car, plus la
lumière est abondante et pure, plus le ciel est profond, et plus le regard
devine l'immensité des espaces qui sont au delà ; et le soir, quand le voile de
clarté tombe pour laisser voir la nuit à découvert, on la trouverait bien
vulgaire et bien triste, si elle ne s'emplissait lentement d'un autre mystère.
Devenue expressive dans la couleur, la lumière s'est rapprochée du son : elle
peut concourir avec lui à manifester l'âme des choses ; tandis qu'un son qui
s'élèverait dans la pure clarté serait comme une voix dans le désert, sans rien
qui la soutienne ou lui réponde, les sonorités du monde s'harmonisent à ses
splendeurs. La magnificence ou la tristesse des teintes correspond à la
plénitude joyeuse ou à la douceur voilée des sons : la lumière, dans sa lutte et
son union avec l'obscurité, est devenue dramatique, et elle s'accorde avec un
monde où tout est action ; l'ombre, en pénétrant dans la clarté, y a glissé
d'intimes trésors de mélancolie que le bleu pâlissant du soir communique à
l'âme, et la sérénité impassible de la clarté pure est devenue, au contact de
l'ombre qu'elle dissipe en s'y transformant, quelque chose de plus humain, la
joie.
Jean Jaurès.
Belle nuit mes poètes...
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23/04/2014 09h01
Dans le soir vaguement splendide et glorieux,
Vénus rayonne, pure, ineffable et sacrée,
Et, vision, remplit d'amour l'ombre effarée.
Victor Hugo, Soir
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La Musique Eternelle.
Les premières herbes qui, sur la terre verdissante, ont ondulé et frémi ne
savaient pas qu'elles livraient le tressaillement secret de leur vie à une douce
puissance qui le répandrait au loin. Oh ! sans doute, elles avaient je ne sais
quel besoin obscur de communication et d'expansion, et c'est là l'âme du son ;
mais ce besoin même, comment l'auraient-elles connu, si elles ne s'étaient
senties comme enveloppées d'influences amies, et si le premier souffle passant
sur elles n'avait associé leur frisson au frisson de l'espace ? Les premiers
êtres qui, connaissant la joie, la douleur, l'amour, ont crié, murmuré ou
chanté, cédaient aussi à un besoin intime et profond de communication ; et c'est
sous l'action presque aveugle de ce besoin que leur organisme vibrait à
l'unisson de leur âme, et ébranlait le dehors à l'image du dedans. Mais si cette
vibration presque involontaire de leur organisme n'était pas pour eux, sans
qu'ils s'y attendissent, devenue un son, s'ils n'avaient pas senti soudain que
leur âme prenait une voix pour solliciter dans l'espace profond les autres âmes,
ils se seraient bientôt resserrés et étouffés en eux-mêmes. Ils ont dû s'étonner
de leur cri en y retrouvant leur âme. Il a dû leur sembler qu'une puissance
mystérieuse recueillait leurs douleurs ou leurs joies tout au sortir de leur âme
pour leur prêter une voix. Oui, vraiment, avant qu'aucune voix sortît des êtres,
il y avait la Voix, la voix mystérieuse, la voix muette qui attendait, pour
appeler, pleurer, chanter, les confidences des vivants. Dans les sphères
destinées à la vie, le silence universel était déjà plein de cette voix, et, en
s'éveillant, les vivants l'ont éveillée. Voix sublime et familière qui ne vient
pas des êtres, mais qui se fait toute à eux ; elle traduit si bien leur âme
qu'elle a l'air d'en venir : oiseau divin qui semble éclore de tous les nids,
parce qu'il en sait prendre la forme.
Avant la naissance des organismes sur notre planète, l'atmosphère était animée
par les grands souffles, par le clapotement infini des vagues sur les grèves.
Ainsi les vivants ont été, dès le début, bercés par une sorte d'harmonie immense
et indistincte, et s'ils ont crié, soupiré, chanté, c'était pour répondre à
l'espace frissonnant qui leur parlait. Les innombrables petites bêtes des champs
se seraient tues depuis des milliers d'années, si elles n'avaient été comme
provoquées par la musique éternelle et secrète qui flotte dans l'espace autour
des vivants, et, de même que les éléments subtils qui s'évaporent des plantes se
convertissent en rosée dans la fraîcheur des nuits sereines, les vagues
tendresses qui montent des êtres se convertissent en harmonies dans la douceur
des nuits musicales.
Jean Jaurès. Yalla ! ! Belle nuit mes poètes... ![]()
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@utilisateur_supprimé a écrit :
. . . Là-haut, au fond du ciel mystérieux,
Dans le soir vaguement splendide et glorieux,
Vénus rayonne, pure, ineffable et sacrée,
Et, vision, remplit d'amour l'ombre effarée.
Victor Hugo, Soir
Ainsi la découverte de la cause ultime de« l'ETRE » permet aujourd'hui de réunifier l'homme , mais aussi de réunifier chacun entre son intuition et sa raison ,entre son cerveau «droit » et son cerveau «gauche »
La grande réunification que cherchaient les physiciens
Entre les différents «champs » de la physique , s'avère en fait être celle de la spiritualité et de la science
Une fois résolus les problèmes théoriques de l'atome ,nous recherchons des certitudes ,des vérités, une réalité . Nous cherchons « l'être » intemporel dans le temporel ,comme tous les orphelins qui recherchent leurs racines , nous cherchons à savoir d'où nous venons et qui nous sommes .
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Voici l'image pour toi fra135 . Il est magnifique cet oeil de dieu ou univers qui nous épie d'un bleu profond et sa pupille .depuis le grand bruit du commencement. A 14 milliards d'années lumières de nous ;mais relies cependant.
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Elle était fort déshabillée,
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres penchaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.
Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d’aise
Ses petits pieds si fins, si fins.
— Je regardai, couleur de cire
Un petit rayon buissonnier
Papillonner, comme un sourire
Sur son beau sein, mouche au rosier.
— Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un long rire tris-mal
Qui s’égrenait en claires trilles,
Une risure de cristal…
Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent : « Veux-tu finir ! »
— La première audace permise,
Le rire feignait de punir !
— Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux :
— Elle jeta sa tête mièvre
En arrière : « Oh c’est encor mieux !… »
« Monsieur, j’ai deux mots à te dire… »
— Je lui jetai le reste au s.ein
Dans un **bleep**, qui la fit rire
D’un bon rire qui voulait bien…
— Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres penchaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.
Arthur Rimbaud, Poésies
Bonne soirée.... bises à tous, Bee et les poètes![]()